Renault Concepts
version 3.1
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Taxi Escoffier : premier monospace Renault

 

Le système d'ouverture des portes reste classique sur le taxi AJD.

Ce curieux et rarissime véhicule est construit sur une base mécanique de Juvaquatre d'avant-guerre, tout comme la camionnette 850 kg type AJD de 1940 et le Tacot d'usine type 212E1 de 1947. Tout a commencé en juin 1943, lorsque l'idée de lancer un concours du "taxis de demain" voit le jour. Il s'agissait de lancer une réflexion sur ce que pourraient être les futurs taxis Parisiens d'après-guerre. Sur la quarantaine de projets soumis à la commission du concours le 5 février 1944, sept seront retenus et feront l'objet d'une réalisation en grandeur nature au cour des prochains mois. Parmi ces sept projets, deux utilisent des moteurs 6cv de 1003 cm3 de cylindrée : ce sont justement les deux véhicules qui vont se distinguer.

Le premier de ces projets, sur châssis Renault AJD, est le taxi Escoffier-Varnet-Rousseau (Charles Escoffier est le propriétaire des établissements Escoffier, agent Renault à Paris 18ème ; M. Varnet est directeur de la carrosserie de Levallois ; M. Rousseau est ingénieur et le créateur des plans de ce taxi). Il utilise le moteur 488 et des freins hydrauliques. Le second projet est le taxi de la Compagnie Générale des Voitures (C.G.V.), pour lequel le châssis de la Renault Juvaquatre est pressenti, même s'il n'en gardera finalement que le moteur. Le 3 mai 1945 a lieu au Bois de Boulogne le concours du taxi de demain. Cinq des sept projets sont prêts, dont les deux "Juva" qui, à l'issue du concours, occuperont les première et deuxième place. Il est intéressant de noter que M. Bugatti faisait parti du jury.

Dans les mois qui suivent le concours, les industriels passent des accords pour lancer la fabrication de ce taxi. Renault se jette dans la bataille ; en effet, il y a une place de leader à prendre sur le marché du taxi, ou plutôt à reprendre, en ce qui concerne Renault, puisque avant guerre, le constructeur a longtemps fourni la profession avec son célèbre taxi G7 type Renault KZ. Pourtant, il semble que la toute nouvelle Régie Renault n'est pas très emballée à l'idée de fabriquer ce véhicule. Tout au plus veut elle bien fournir la mécanique à d'éventuels fabricants de carrosserie, mais rien de plus. Certains dirigeants de l'époque iront même jusqu'à dire qu'il n'est pas nécessaire que ces taxis s'appellent RENAULT.

Courant octobre 1945, le taxi Escoffier est essayé et modifié. Un nouveau projet de carrosserie est à l'étude par les ingénieurs de Renault. Des accords seront passés avec la firme Rosengart pour qu'elle assemble ce taxi, mais celle-ci ne disposant plus de concessionnaires, la vente devra être faite par le réseau Renault. M. Escoffier, instigateur du projet, se verra confier la commercialisation de ces véhicules.

Le 28 décembre la société Rosengart fait une offre chiffrée pour la fabrication de dix carrosseries, puis présente à la régie, le 18 janvier 46, le dessin de ce futur taxi. Un mois et demi plus tard la maquette du premier taxi est prête. Mais déjà apparaissent les premières réticences : M. Escoffier pense que le moteur de la Juva sera insuffisant pour le poids de l'ensemble roulant. Il n'a pas été possible, par manque de place, d'installer un moteur plus puissant tel que celui de la Primaquatre. Finalement ce sont dix taxis qui seront fabriqués entre le 26 avril 1946 et le 8 février 1949.

Des essais auront lieu dans Paris. La plupart des taxis seront livrés le 30 mars 1949, mais à ce jour subsiste une inconnue : Quelle est donc la compagnie de taxis qui a pu les exploiter ? Certains historiens pensent que ces véhicules ont en fait été utilisés par des particuliers, mais presque personne à ce jour n'a souvenir du devenir de ces fameux taxis. Jusqu'à quand ont-ils circulé dans Paris ? Que sont-ils devenus ? Telles sont les questions qui restent donc en suspens. Il n'en reste pas moins que le taxi Escoffier restera un véhicule intéressant dans l'histoire de l'automobile car il préfigurait les premiers monospaces ; son design annonçait déjà en particulier celui du Fiat Multipla qui sortirait une dizaine d'années plus tard.

Stéphane BEAUMORT

Sources : divers sites web et ouvrages