Renault Concepts
version 3.1
 > PROTOTYPES > 1968-1999 La Renault-Ligier R14 Coupé  

Une ligne étonnante et
très innovante pour 1975,
qui rappelle beaucoup...
la future Volvo 480 !

« C’est en juillet 1974 que j’ai présenté ce projet à Bernard Hanon et François Wasservogel, responsables de produits chez Renault », se souvient son designer, Robert Broyer. A l’époque, il venait de quitter le centre de style de Renault (où il a dessiné la R12 puis conçu le thème esthétique novateur de la R14) pour implanter son propre bureau de style où il exerce toujours, à Mâcon, en Bourgogne. « Le contexte était difficile puisque nous étions en pleine crise pétrolière. Les véhicules sportifs étaient montrés du doigt.»

Le projet de coupé Renault 14, connu sous son nom de code 121, permettait de déculpabiliser les amateurs de voitures sportives et ludiques. « Le produit offrait une habitabilité exceptionnelle, une fonctionnalité arrière nouvelle et surtout un Cx de 0,30 inhabituel ! » Effectivement, il faudra attendre l’Audi 100 de 1982 et la Renault 25 TS de 1984 pour atteindre de si bas coefficients aérodynamiques. « Après l’avoir laissé dormir un an dans ses cartons, Renault s’est finalement décidé à le proposer à Ligier pour qu’il en assure la production. » Ligier savait qu’il allait perdre la Citroën SM et il cherchait un nouveau modèle pour assurer du travail à ses employés. « En moins d’une année, le véhicule a été développé. J’en ai suivi les différentes étapes, depuis la fabrication de la maquette en taille réelle chez Coggiola jusqu’à la réalisation du prototype roulant.»

L’industrialisation débute. Pourtant, alors que les essais du prototype donnaient toute satisfaction sur le terrain d’essais de Renault, à Lardy, les études du projet 121 sont brutalement stoppées. C’était en juillet 1976. « Je pense sincèrement que ce coupé moderne aurait cannibalisé les R15 et R17. Je crois aussi que Matra a eu peur pour sa Bagheera et a sans doute opéré pour que le projet n’aboutisse pas. Mais j’ai la satisfaction d’avoir créé un véritable concept.» Certaines astuces stylistiques ont été copiées par les plus grandes signatures du design. « Marcello Gandini, qui était alors consultant chez Renault, a notamment repris la ceinture de caisse plongeante au niveau de la porte avant pour l’adapter à son projet de Lamborghini Countach !»

Le coupé 121 ne sera donc pas produit par Ligier et ne deviendra pas le premier petit coupé break de chasse. C’est d’autant plus regrettable qu’il apportait de réelles innovations comme la banquette arrière scindée en deux parties et inclinable, ainsi que l’usage d’une sellerie colorée (en vingt-trois coloris) conçue par le peintre Philippe Morisson. De surcroît, les trains roulants de la R14 étaient revus par le staff technique de Ligier qui opérait à ce moment-là son entrée… en Formule 1 ! Les objectifs étaient pourtant ambitieux, avec une production de 25.000 coupés sur cinq ans, vendus 35.000 F contre 25.600 F pour la berline 14…

D'après un article de Christophe Bonnaud paru dans L’Auto-Journal du 2 juillet 1998