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V6 Grand Prestige : la Renault 25 qui en faisait trop...

 

Sous cet angle, la V6 Grand Prestige trahit encore un peu ses origines.

Une photo de promotion d'époque.

On voit bien la longueur considérable du coffre, qui doit abriter la roue de secours en position verticale. La finiition de la lunette arrière était le point jugé le moins satisfaisant par la revue Le Moniteur de l'Automobile.

Une vue forcément impressionnante de la V6 Grand Prestige, malgré l'absence de la calandre originale.

Même s'il n'y a jamais eu de version tricorps de la Renault 25, elle sera produite aux États-Unis sous le nom de Renault Premier.

Une étude préliminaire tricorps du programme X29 appelée "Rafale".

En 1984, deux designers automobiles réputés, le français Philippe Charbonneaux et le suisse Franco Sbarro, s'associent le temps d'un projet pour produire une version improbable de la Renault 25, le nouveau vaisseau amiral de Renault.

Élaborée autour d'une Renault 25 V6, la Grand Prestige ne ressemble presque plus au modèle dont elle est dérivée. La berline à hayon polyvalente est désormais devenue une tricorps statutaire, dotée d'un large coffre profond, pour une longueur hors-tout augmentée de 26 cm, ce qui n'est pas rien en terme de modification. Son nom annonce clairement la couleur, et chhaque détail, tant extérieur qu'intérieur, montre que c'est bien une voiture de prestige que l'on a affaire.

Outre le fait qu'un "vrai" coffre sied davantage à l'esthétique d'un véhicule haut-de-gamme, et sans parler des meilleures chances commerciales qu'un tel véhicule aurait pu offrir dans une commercialisation à l'échelle internationale, le remplacement du hayon par un coffre classique ajoute également un élément de confort supplémentaire, puisque l'air ne s'engouffre pas dans l'habitacle à chaque fois qu'on ouvre le coffre... une considération qui n'est pas anodine si l'ont songe que celui qui aurait pu s'offrir un tel modèle risquait fort d'être assis à l'arrière, avec son chauffeur devant, et tandis que portiers et bagagistes chargeaient ou déchargeaient ses bagages.

Mais quand bien même le possesseur du véhicule était également son conducteur, il n'était pas à l'abri d'un changement de roue ; or dans les coffres de la plupart des berlines courantes, la roue de secours est logée dans le fond du coffre et oblige à des manipulations difficiles et salissantes. Charbonneaux et Sbarro proposent donc de placer celle-ci verticalement dans le coffre.

Mais c'est surtout à l'avant que la transformation esthétique est le plus radicale, avec un tout nouveau capot avec une large portion centrale rehaussée, qui plonge vers une calandre à barres verticales, volumineuse et d'un goût discutable. On sent bien évidemment que l'esthétique du véhicule se rapproche davantage de voitures américaines qu'européennes. Selon Philippe Charbonneaux, la calandre est un élément indispensable sur toute voiture de prestige qui se respecte.

Au chapitre des améliorations "statutaires", des roues en acier chromé, plus en harmonie avec un modèle de luxe, ont remplacé le modèle en aluminium de la Renault 25 de série. On retrouve également du chrome sur le haut des boucliers (qui se prolongent latéralement sur toute la longueur du véhicule, ailes et bas de portes), ainsi que sur les sorties d'échappement... et comme on a bien compris que cette voiture a pour vocation d'en rajouter, elles sont au nombre de quatre...

L'intérieur du véhicule est quand à lui capitonné de cuir et de bois de très haute qualité. Malgré la qualité indéniable de la réalisation, on ne peut s'empêcher de trouver à cette V6 Grand Presige un côté clinquant et tape-à-l'œil qui cadre assez mal avec le losange qui s'affiche sur la calandre... Du coup, même si l'on ignore l'identité exacte des acheteurs des cinq exemplaires commandés lors de la présentation du modèle (il est possible qu'il y en ait eu davantage ensuite), il y a fort à parier qu'un tel modèle ait surtout séduit une clientèle aristocratique du Moyen-Orient, très friande de ce type de finition.

Une seule V6 Grand Prestige existe en France, et l'on peut la voir, bien entendu, au musée de l'Automobile de Reims, dit "Musée Charbonneaux" tant il contient de prototypes et d'éléments liés à l'histoire et à la carrière du designer et carrossier rémois. On est d'ailleurs en droit de se demander quelle put être la contribution de Sbarro à ce modèle, tant il porte sur bien des points la marque stylistique de Charbonneaux. L'exemplaire de Reims possède une calandre de type grille, moins impressionnante que celle du modèle d'origine... et a perdu son logo Renault.

Stéphane BEAUMORT

Sources : le Moniteur de l'Automobile N°806 du 18 octobre 1984, et quelques sites web.

Photos du musée de Reims © Stéphane Beaumort

Un logo Renault qui s'affiche fièrement sur un véhicule dont l'esprit n'est pas alors tout à fait celui de la marque.

Un intérieur cuir et bois assez typique des véhicules appréciés des riches princes arabes et autres émirs...

"Design Ph. Charbonneaux", dit la plaque. Mais qu'a donc fait Sbarro dans l'histoire ?

Les jantes de la Grand Prestige, un peu trop simples, ne sont pas du plus bel effet...