Renault Concepts
version 3.1
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Le Projet 118 : une 4L rhabillée...

 

Ce très disgracieux prototype de la Renault 6 ne laisse pas vraiment augurer de la finesse des lignes du modèle de série... Elle ressemble même à un 4x4 de profil ! Il fallait que la Renault 16 et le dessin de Gaston Juchet passe par là...

 

Une étude déjà très proche de la R6 finale.

Dès 1963, la Régie Renault comprend qu'elle doit songer serieusement à remplacer sa Renault 4. En effet, en plein milieu des années 60, l'automobile est en plein essor économique. Les constructeurs élaborent des véhicules conçus suivant l'attente très fonctionnelle de la clientèle. En effet, les clients désirent alors des voitures pratiques car les loisirs sont en plein développement (camping, brocante, résidence secondaire...). L'achat d'une voiture est avant tout un grand plaisir de liberté qui n'est plus réservé à une élite, la voiture devient un produit de consommation et adaptée à tous les budgets. La régie Renault doit réagir vite face à la concurrence et ne pas rester immobile en contemplant le succès de la Renault 4 (en 1968 déjà 1 500 000 exemplaires vendus à travers le monde!).

La Renault 4 est un excellent choix en véhicule de base, souvent elle est choisie par une clientèle qui achète pour la première fois un véhicule neuf ou d'occasion. Après sept ans d'existence pour la R4, la Régie veut proposer un nouveau modèle plus étoffé et ainsi offrir une alternative à la clientèle de la R4 (sans faire d'ombre au succès de la R4) tant au niveau de ses goûts qu'au niveau de ses besoins. Elle veut élaborer une voiture fonctionnelle sans concevoir un break car la clientèle n'aime guère les véhicules d'aspect utilitaire mais préfère plutôt les berlines traditionnelles. Elle décide donc en 1966 de concevoir celle qui deviendra la R6, qui se doit d'être une berline semi-break avec une ligne sobre tout comme sa motorisation.

Même si le Projet 118 est défini au départ pour remplacer la 4L, au fil du temps, la direction de Renault demande qu'elle soit d'une taille plus importante pour concurrencer l'Ami 6 et l'Ami 8 de Citroën… La Régie ayant décidée d'abandonner la propulsion, la voiture sera une traction à moteur longitudinal. La base du projet sera la plateforme de la 4L, qui devra recevoir une carosserie et une finition plus luxueuse, car le segment visé est celui des berlines 6 CV plus cossues. Elle doit cependant conserver l'aspect pratique du hayon arrière de son aînée la R4, mais il faut qu'elle soit mieux finie et plus élégante.

La 118 devra se trouver dans la gamme Renault entre la 4L et la 16 dès 1968. Le positionnement choisi par la régie est de vanter les merites d'une "mini R16". C'est pourquoi la Renault 6 s'inspirera aussi de la R16, sa calandre en étant une copie conforme. Elle possède un hayon (l'étude avec une malle arrière a vite été supprimée) mais avec un seuil comme sur la R16. Cette idée de hayon fut décidé en constatant le succès de l'Ami 6 Break au détriment de la berline de Citroën. Mais après réflexion l'accès au coffre à cette époque est un argument de vente, aussi Renault décide de supprimer le seuil à l'arrière pour que le chargement du coffre soit facilité avec un hayon qui descend jusqu'en bas comme sur la R4.

La 118 voit aussi l'apparition d'évents afin d'obtenir une aération du véhicule par dépression, ce qui est rare sur une voiture de cette cylindrée. Les glaces latérales sont descendantes et le rétroviseur intérieur est fixé en haut. Le hayon est plus incliné que sur la R4 (car le porte-à-faux arrière y est plus important) mais beaucoup moins incliné que celui de la R16. Le pare-brise avant est incurvé et plus grand que celui de la R4. La Renault 6 se veut être le compromis idéal entre la R4 et la R16.

Esthetiquement, on se retrouve avec une carosserie bicorps à 3 glaces latérales, qui fait à la fois penser à la 4L et à la R16. Le contrat est donc rempli. Ainsi parée, la nouvelle R6 est présentée au Salon Automobile de Paris en 1968. La stratégie commerciale de la Régie a voulu être agressive pour placer sa nouvelle venue avec un prix de vente avoisinant les 7 500 F. En effet, le prix fixé est juste au dessus de la Citroën Ami 6 (7 200 F) et en dessous de la Peugeot 204 (9 050 F). Ainsi, la Régie s'attaque directement à la Citroën en maintenant sa R4 et en commercialisant cette future R6...

A noter que l'un des prototypes de la R6 fut équipé d'un moteur Renault expérimental fonctionnant à l'essence ordinaire mais ne consommant que 2L/100km pour un rendement equivalent aux autres vehicules. Ces essais n'eurent pas de suite connue.

 

Sources : article compilé notamment à partir du site "Renault 6" et du site "Patrick Miniatures".

Premières photos parues d'un prototype.

Sur ce croquis publié en 1966 dans l'Auto-Journal, seules les aérations arrières manquent encore.