Renault Concepts
version 3.1
 > LES SPORTIVES

Renault Sports Racer : simple et efficace

 

La Sports Renault telle qu'à ses débuts.

Le succès immédiat de la Sports Renault s'explique sans aucun doute par sa simplicité de conception ainsi que son design sobre et efficace.

La RSR préservée par Renault à Flins.

La SCCA Spec Racer Ford a pris la suite de la Sports Renault après le retrait de la marque au losange du marché nord-américain.

Créée par le Sports Car Club of America en 1984 à partir de nombreux éléments pris sur la Renault Alliance, cette voiture de course low-cost fabriquée et distribuée par Renault a connu une belle carrière... qui se poursuit encore aujourd'hui, avec plus de 600 exemplaires construits, dont la plupart courent encore !

Le Sports Car Club of America (SCCA) est une fédération de sport automobile américaine qui organise des courses, des rallyes et des cross automobiles à travers les États-Unis depuis 1944. Pour ses quarante ans, l'organisation décide de lancer un tout nouveau modèle de voiture de course accessible et bon marché, et c'est ainsi que naît la Sports Renault, également appelée Renault Sports Racer ou RSR. Son dessin très stylisé et efficace est dû au crayon de l'ingénieur automobile Roy Lunn, un vétéran du design industriel qui fête lui aussi ses quarante années de carrière, et qui officie alors comme responsable de la branche ingénierie de American Motors Corporation depuis 1971 (un poste qu'il occupera jusqu'en 1987).

C'est sous le label Renault Jeep Sport USA, une toute nouvelle filiale d'AMC basée à Livonia dans le Michigan et présidée par Lunn lui-même, que la nouvelle voiture sera développée et construite, sous la direction de Vic Elford, ancien coureur automobile et pilote de Formule 1 anglais. Elle est conçue comme un pur véhicule de course très performant, doté d'une carrosserie plastique monocoque recouvrant les roues et d'un habitacle ouvert. Elle doit pouvoir concourir sur des championnats se déroulant sur de routes pavées : Mazda Raceway Laguna Seca, Buttonwillow Raceway Park, Road America, etc.

Le groupe AMC a été sauvé de la faillite peu de temps auparavant (provisoirement en tout cas) grâce à son rachat par Renault. L'expérience de la marque française en matière de véhicules sportifs (couronnée depuis quelques années par plusieurs victoires en Formule 1) lui confère alor+s une vraie légitimité pour présenter outre-Atlantique un modèle sportif accessible. Et puisque la marque produit depuis quelques mois son Alliance (version américaine de la Renault 9) à l'usine de Kenosha, dans le Wisconsin, il apparaît judicieux de réutiliser des éléments mécaniques de ce modèle pour créer la nouvelle petite bombe. La Sports Renault utilisera donc non seulement le moteur, mais également la suspension de l'Alliance.

La présentation de la Sports 1000 (son nom provisoire) au Road Atlanta ne passe pas inaperçue... Le concept séduit, les commandes affluent très vite, et en octobre 1983 la SCCA a déjà reçu 172 commandes fermes avec une avance de 500$ par client. Les ingénieurs d'AMC et ceux de la SCCA travaillent en liaison étroite. Deux prototypes seront utilisés pour les tests : l'un pour les essais sur la piste d'AMC à Dearborn, dans le Michigan, piloté par Dave Weitzenhof; l'autre pour des tests statiques de résistance à la torsion qui conduiront les ingénieurs à redessiner le châssis. Le poids du véhicule, jugé trop important, sera également réduit en affinant l'épaisseur de fibre de verre des éléments de carrosserie, en utilisant des tubes métalliques plus étroits pour la structure de l'habitacle et en remplaçant le plancher en acier du prototype par un plancher en aluminium riveté sous le châssis. Toutes ces modifications seront implémentées dans un troisième châssis qui sera testé avec succès dès février 1984 dans une phase de tests hivernaux situés à Roebling Road près de Savannah, en Géorgie.

Une première course de démonstration a lieu sur la Charlotte Motor Speedway de Spring Sprints, du 13 au 15 avril, afin de procéder à une évaluation du véhicule par quelques pilotes expérimentés dans des conditions réelles de course, juste avant de procéder à la livraison des premiers exemplaires. Huit voitures en configuration de série (châssis Nos. 3 à 10) participent à l'événement. La Sports Renault se révèle une voiture très maniable et plaisante à conduire, mais nécessitant du doigté ; et malgré ses pneus radiaux elle s'avère la plus rapide de tous les modèles présents sur la piste. Après quelques ajustements mineurs, le modèle peut enfin être livré à ses premiers clients. Une catégorie "Sports Renault" est créée dans les championnats régionaux. La voiture est officiellement présentée en compétition à l'occasion du Grand Prix de Détroit en juin 1984, ou concourent 20 véhicules de ce type, et bien vite la bombinette au losange participe avec succès à l'échelle régionale mais aussi nationale.

À la fin de l'année 1984, 151 voitures ont déjà été fabriquées. Une Sports Renault vendue en kit partiellement assemblé coûte 9995 dollars. Un exemplaire prêt à concourir coûte environ 12000 dollars. Réparer le moteur et la transmission à la fin de chaque saison coûte environ 6000 dollars, et l'on estime que le coût total d'une voiture pour une saison entière de course se monte à 30000 dollars. Ces chiffres peuvent sembler élevés, mais ils sont très raisonnables au regard de ce que coûtent les voitures de course d'autres marques. 155 nouvelles commandes sont passées en 1985, et 114 en 1986. Renault/Jeep aura fabriqué 450 exemplaires du modèle entre la mi-1984 et 1986, un chiffre qui témoigne du succès du modèle.

Le retrait de Renault en Amérique du Nord ne sonnera pas pour autant le glas de la bombinette de Roy Lunn. Le rachat d'AMC-Renault par le groupe Chrysler n'inclut aucune reprise de ce programme, mais SCCA Enterprises, une filiale de la SCCA basée à Englewood dans le Colorado, remporte en mars 1987 l'appel d'offres pour reprendre la production de nouveaux exemplaires là où RFS l'avait laissée et fournir les pièces nécessaires à la maintenance de l'existant. Au départ, le contrat stipule qu'AMC devra fournir à SCCA Enterprises, via son centre de distribution situé à Denver dans le Colorado, toutes les pièces issues des voitures de production, à savoir le moteur quatre cylindres 1.7 L de l'Alliance, la boite de vitesse quatre rapports ainsi que la suspension et les freins Renault, Toutefois, l'Alliance n'étant plus fabriqué, il faut vite se tourner vers une nouvelle motorisation, et c'est un moteur Ford 1.9 L qui est choisi. La Sports Renault (SR) devient alors la Spec Racer Ford (SRF).

Pour pouvoir continuer à participer aux championnats, les anciennes SR doivent être remises aux normes de la spécification SRF. De nos jours, les pièces de rechange des anciennes SR (telles que le filtre à air du carburateur, par exemple) sont souvent difficiles, sinon impossibles à trouver. Il faut donc trouver des éléments de substitution qui soient compatibles. Toutefois, les possibilités sont très limitées et soumises à l'approbation de la SCCA. En effet, la règlementation stipule qu'aucune modification autre que des réglages de la suspension ne peut être apportée à ces voitures. Cette mesure évite la recherche perpétuelle d'améliorations en tous genres qui s'accompagne souvent de dépenses outrancières pour rester compétitif, permettant de de se focaliser sur les compétences des pilotes plutôt que sur l'investissement financier et technique.

Cela explique bien évidemment pourquoi les derniers modèles de Spec Racer Ford sont pratiquement identiques aux premiers exemplaires construits par Renault Jeep Sports. Chaque voiture pèse exactement le même poids, utilise le même moteur, la même transmission, la même carrosserie en fibre de verre, le même châssis, les mêmes pneus. La Sports Renault était pensée dès le départ comme un véhicule accessible à la maintenance facile, et il est essentiel pour la SCCA que ce concept soit préservé. L'idée est que toutes aient les mêmes performances, de sorte que la seule façon d'aller plus vite soit d'être un meilleur pilote, et non pas d'avoir dépensé beaucoup d'argent pour améliorer sa voiture.

Les pilotes de Spec Racers vous diront que c'est vrai en théorie, car dans la pratique, un bon moteur coûte plus cher. De plus, les courses sont très gourmandes en pneus, et chaque nouvelle course nécessite un jeu de pneus neufs. Pourtant, si les moteurs et les pneus sont généralement les postes budgétaires les plus importants dans ce genre de voitures de course, pour les SRF c'est en fait la fibre de verre qui grève le plus le budget. En fait, il semblerait qu'une des règles implicites des compétitions de SRF, c'est qu'un pilote qui ne finit pas une course avec les flancs couverts de marques de pneus et avec des morceaux de carrosserie qui se détachent ne se donne pas à fond !

Sur une Spec Racer, le moteur, la transmission et les pare-chocs sont scellés, de manière à empêcher la moindre modification, et de nombreuses pièces possèdent aussi un marquage holographique spécial qui rendraient toute altération immédiatement repérable. En outre, des inspections surprises sont régulièrement commanditées par la SCCA lors de courses nationales et régionales pour garantir cette intégrité. Le fait que la SCCA organise les compétitions, fixe les règles et construise aussi les voitures a fini par soulever une controverse à la fin des années 90 : des voix s'élevèrent pour crier au conflit d'intérêt. Mais c'est oublier que c'est elle qui a conçu le modèle, créé les courses et obtenu le droit de reprendre la construction du modèle après le retrait de Renault. La SCCA s'assure donc simplement que l'esprit des courses et la simplicité de la voiture tels qu'ils étaient pensés à l'origine demeurent.

Une variante nouvelle est apparue en 2004 avec le kit de conversion Sports Racer Toyota. Le concept est simple : modifier d'anciennes Sports Renault non converties en Spec Racer Fords en utilisant des pièces couramment disponibles et en apportant des performances légèrement accrues sans perdre la fiabilité et la facilité de maintenance du modèle original. Le modèle ainsi obtenu est une voiture rapide, sure, fiable et agréable à conduire, pouvant facilement être homologuée pour la compétition, sans le carcan de la règlementation du SCCA. Le kit de conversion est réalisé par Midwest Spec Racer, Inc., et les premiers exemplaires seront livrés au Aspen Racing and Sports Car Club au printemps 2005. La Sports Racer Toyota participera bien vite à différents championnats dans tout le pays.

Sources : divers sites web et bulletins du SCCA

FICHE TECHNIQUE

Type de véhicule SCCA Spec Racer Ford
Châssis structure en tubes d'acier
Moteur Ford 4 cylindres 1.9 L à injection, refroidi par eau
Puissance 105 cv
Vitesse maximale 135 mph
Gestion du moteur électronique
Boîte de vitesses Ford 5 rapports
Échappement spécifique
Empattement 92 pouces
Poids 1670 livres (avec pilote)
Carrosserie en fibre de verre, faite en trois parties
Pneus Goodyear Eagle A400 SRF, identiques sur les quatre roues

La Spec Racer Ford est quasiment identique à la Sports Renault à cause du cahier des charges très contraignant de la SCCA qui interdit sa modification.

Quelques vues qui montrent la structure très simple de la Spec Racer Ford.

Le poste de pilotage de la SRF.

La Sports Racer Toyota est un kit de modification de la Sports Renault originale.