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Le Coupé Rédélé Spécial : graine d'Alpine...

 

L'aventure de Jean Rédélé, le créateur d'Alpine, commence dans un garage Renault, à Dieppe. Plus précisément dans le garage de son père qu'il découvre en ruine après les différents bombardements de la seconde guerre mondiale. La décision est prise de le remettre en état. Jean a un diplôme d'HEC en poche. Mais il n'a que 24 ans. Il devient alors le plus jeune concessionnaire Renault de France. A cette époque, il y a encore peu de véhicules Renault à vendre. Pour compléter son activité, Jean Rédélé se lance dans le négoce de véhicules issus de surplus américains. En 1948, la présentation de la 4CV Renault lui assure le développement de son fond de commerce. Cette voiture, qui permet de savourer les congés payés, commence à motoriser la France. Ses ventes vont exploser. Mais, avant de pouvoir en prendre possession, il faut patienter… un bon moment. C'était l'époque où il fallait savoir attendre une voiture !

Au volant de la 4CV, Jean Rédélé découvre le réel potentiel de cette voiture. Il propose une course à un concessionnaire de la région qui prétendait qu'une Peugeot 203 était plus rapide qu'une 4CV Renault. Les voilà donc lancés dans une course improvisée, de Dieppe à Rouen. Le vainqueur ? Jean Rédélé bien sûr, au volant de sa 4CV. Cette victoire lui donne des ailes. Il inscrit sa voiture au Rallye de Dieppe, qu'il remporte. Ses voitures vont aussi se montrer très habiles dans divers rallyes, tels que le Rallye Monte Carlo (RMC), le Tour de France et la Coupe des Alpes. C'est cependant la sortie de la 1063 (une version course de la Renault 4CV), en 1952, qui va permettre aux 4CV d'écumer les différents rallyes. Jean Rédélé passe même l'arrivée avant que les commissaires de courses ne soient en place lors de l'une de ces courses !

Lors de la Coupe des Alpes précédemment citée, la voiture semble être terriblement à l'aise sur son terrain. C'est un signe pour Jean Rédélé qui décide que le nom de sa firme sera Alpine. Cette dernière va servir à redonner au sport automobile français sa splendeur d'avant-guerre. Jean décide donc de construire un prototype et définit son cahier des charges. Sur la base de la plate-forme de la 4 CV, il donne naissance à un petit coupé sportif doté de lignes aérodynamiques. Pour la motorisation de cette voiture, Rédelé envisage d'abord les moteurs et boîtes du "sorcier" Amédée Gordini, mais c'est finalement vers les spécialistes Deutsch et Bonnet qu'il se tournera pour finaliser le coupé avec lequel il participera — sans succès — à Montlhéry.

Le coupé est rapide, mais difficile à conduire, et Rédelé abandonne ce projet. Il se remet au travail pour finaliser une nouvelle biplace, revêtue d'une carrosserie légère en polyester stratifié. Les carrossiers français, frileux à l'idée de se lancer dans la conception de carrosseries plastiques comme le conçoit Rédelé, pousse Jean à se tourner vers l'Italie. Il présente son projet au styliste Giovanni Michelotti, qui finalise les dessins de trois prototypes, selon les indications et les brouillons de Jean. Cependant, par manque de temps, c'est le carrossier turinois Allemano qui s'occupera de la construction des voitures en aluminium, sur la base d'un châssis de 4 CV 1063 doté d'une boite 5 vitesses conçues par Rédelé.

Le premier prototype dessiné par Michelotti est donc construit par Allemano. Pour plus de légèreté, on choisit une carrosserie en aluminium. L'utilisation de ce type de construction permet de réaliser une voiture complète ne pesant pas plus de 550 kg. La voiture est terminée en décembre 1952 et Jean Rédelé se rend en Italie avec son épouse afin de ramener cette première "Rédelé". Perfectionniste et exigeant, Jean va retoucher lui-même certains détails de la voiture qui, pour agrémenter le dessin du capot, a reçu un repli de tôle sur le capot (un dessin qui sera repris plus tard sur la Renault Dauphine). Rédelé reprend la voiture, rallonge l'avant et modifie le réglage d'assiette. Ne respectant plus le dessin original, l'automobile à désormais une allure plongeante.

Après l'avoir préparée, il engage sa "Rédélé Spéciale" au Rallye de Dieppe de 1953 et remporte l'épreuve devant une Jaguar. Il s'adjuge par la même occasion une victoire de catégorie sur le circuit de Rouen-les-Essarts et la première épreuve du Grand Prix de Lisbonne dans la catégorie des moins de 1.300 cm3.

Les coûts de production du Coupé Redelé Spécial sont hélas jugés trop élévés pour envisager une fabrication en série. La licence du véhicule sera donc vendue à un industriel américain : le deuxième prototype deviendra donc la Plasticar Marquis.

 

Sources : d'après les sites "Mes Miniatures", "Encyclo 43" et "Autodoc".